L’utilisation d’abris provisoires dans le système éducatif rural sénégalais : une pratique alternative qui devient la norme ?

Tracka Diaries

Le terme « abri provisoire » désigne des huttes, principalement construites à partir de bâtons et de paille, qui servent d’écoles pour les élèves des zones pauvres et reculées du Sénégal. Cette pratique a vu le jour avec la deuxième alternance, qui visait à élargir l’accès à l’éducation pour tous en mettant en place ces abris « provisoires », dans l’intention de construire à terme des établissements scolaires appropriés. Cependant, le nombre croissant de ces installations, qui étaient censées être temporaires, soulève de sérieuses préoccupations. Cette situation a aggravé les inégalités en matière d’éducation, un droit inaliénable pour tous les citoyens, et a considérablement réduit les résultats scolaires dans les zones rurales.


Pour remédier à ce problème, BudgIT Sénégal met en œuvre le projet Tracka, qui surveille la prestation des services par l’intermédiaire de champions communautaires afin de responsabiliser les autorités vis-à-vis des citoyens. L’un de ces champions est Alioune Fall, notre champion communautaire pour la région de Diourbel, qui est découragé par la persistance des abris temporaires dans la région, 65 ans après l’indépendance. Cette situation est inacceptable, d’autant plus que pour l’exercice 2024, le budget du ministère de l’Éducation nationale s’élève à 909 323 430 797 francs CFA en crédits de paiement, avec des autorisations d’engagement estimées à 944 959 363 377 francs CFA. Ce budget s’articule autour de six programmes visant à renforcer le système éducatif sénégalais.
Selon Alioune Fall, responsable régional de Diourbel, le nombre d’« abris provisoires » dans la région du Baol ne diminue pas comme l’avaient promis les autorités locales. Par conséquent, les enfants sont contraints d’étudier dans des conditions précaires, sans accès aux commodités de base telles que des toilettes, du matériel pédagogique et des enseignants qualifiés, car les fonctionnaires ont tendance à rester dans les capitales régionales. Les jeunes filles sont particulièrement vulnérables aux problèmes de santé et d’hygiène, tant à la maison qu’à l’école.
Selon le dernier recensement effectué par le Programme de remplacement des abris provisoires et des structures annexes (PRORAP) en décembre 2024, 7 122 abris provisoires sont encore répertoriés dans tout le pays. Avec une population de 18 millions d’habitants qui continue de croître, la pauvreté touche de plus en plus les zones rurales. Le développement d’une nation ne peut se faire sans une éducation de qualité.


Que disent les dirigeants communautaires ?
Le Premier ministre Ousmane Sonko a annoncé lors de sa déclaration de politique générale du 27 décembre 2024 que le ministère de l’Éducation nationale signera « prochainement » un partenariat avec les forces armées afin d’éliminer les abris temporaires qui sont actuellement utilisés comme salles de classe dans certaines régions du pays.
BudgIT Sénégal surveille activement la prestation des services publics afin de donner aux citoyens les moyens de plaider en faveur d’une amélioration des services dans les domaines de l’éducation, de la santé, de la durabilité environnementale, de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement. Ne manquez pas notre prochaine série Tracka Diaries le mois prochain et rejoignez le mouvement pour le changement !

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