BudgIT Sénégal appelle à un dialogue inclusif sur la transparence budgétaire après la dégradation de la note de crédit par Moody’s

Date : 14.10.2025

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Dakar, Sénégal – 

Suite à la décision de MOODY’s de dégrader la note de crédit du Sénégal de B3 à Caal, BudgIT Sénégal appelle le ministère des Finances à fournir au public une explication transparente et étayée par des données sur la situation budgétaire du pays et ses implications pour les citoyens sénégalais. 

Cette dégradation met en évidence une crise économique persistante résultant de la découverte récente d’une dette cachée de 7 milliards de dollars, qui a fait passer le ratio dette/PIB du Sénégal au-dessus de 100 % et entraîné une dégradation de sa note de crédit par S&P, Moody’s, entre autres. Cette situation est survenue après l’accusation de pratiques d’emprunt opaques de la part du gouvernement précédent, qui semble en être la cause principale, obligeant le nouveau gouvernement à mettre en œuvre des mesures d’austérité telles que des hausses d’impôts et des réductions des dépenses. Cela a entraîné le gel des prêts du FMI, des réductions des prestations sociales et des inquiétudes quant à l’impact sur les citoyens et la croissance économique future. 

MOODY’s a abaissé la note à long terme du Sénégal de B3 à Caa1, tant pour la dette en devises étrangères qu’en monnaie locale, invoquant des risques accrus liés à la dette publique et à la liquidité depuis février 2025. La dette publique du pays est désormais estimée à 119 % du PIB pour 2024, soit un niveau nettement supérieur aux estimations précédentes, et le ratio dette/recettes publiques devrait atteindre 581 %, ce qui indique un lourd fardeau budgétaire.

L’agence a également souligné la lenteur des progrès dans les négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) pour un nouveau programme, ce qui laisse le Sénégal dépendant du marché régional de l’UEMOA, plus coûteux, pour ses emprunts. À la fin du mois de septembre, le gouvernement avait levé 8 % du PIB grâce à des bons du Trésor et des obligations à taux d’intérêt élevés, augmentant ainsi les risques de liquidité.

MOODY prévoit un soutien potentiel du FMI d’ici la mi-2026 sans nécessiter de restructuration de la dette, mais la confiance dans ce scénario a diminué. Les besoins de financement bruts du Sénégal sont estimés à 26 % du PIB pour 2025 et 2026, les paiements d’intérêts devant atteindre 27 % des recettes publiques, ce qui accentue encore les tensions sur la liquidité. En outre, MOODY’s a abaissé la limite en monnaie locale de Ba2 à Ba3 et la limite en devises étrangères de Ba3 à B1.

Cette décision a suscité de vives critiques de la part du ministère des Finances et du Budget, qui a dénoncé les méthodes et l’analyse de MOODY’s ainsi que la troisième dégradation de la note souveraine du pays par la même agence en moins d’un an.

Dans ses commentaires, Amadou Samb, responsable national chez BudgIT Sénégal, a souligné que « si le gouvernement a l’intention de rejeter le rapport de MOODY’S, il doit étayer sa position avec des données et des analyses claires afin de rassurer le public et les investisseurs sur la solidité de ses politiques économiques, car nous disposons de techniciens compétents capables d’apporter cette clarté. Une institution ne réagit pas sur la base d’émotions ».

Bien que nous reconnaissons les efforts déployés par le gouvernement sénégalais pour assurer la stabilité et la croissance économiques, il est impératif de préciser que ces efforts ne reflètent pas pleinement les défis sous-jacents auxquels notre économie est confrontée. La dégradation de la note par MOODY’s est davantage un rappel brutal de la nécessité d’une transparence et d’une responsabilité accrues dans notre gouvernance financière qu’une tentative de discréditer le gouvernement sénégalais.

Nous exhortons le ministère des Finances à engager un dialogue plus ouvert avec les organisations de la société civile, les parties prenantes et le grand public. Cet engagement est essentiel pour renforcer la confiance et garantir que toutes les parties soient informées des mesures prises pour naviguer efficacement dans notre paysage économique.

Le Sénégal se trouve à un tournant, et le chemin que nous choisirons aura un impact significatif sur l’avenir de nos citoyens. La transparence et la collaboration sont essentielles alors que nous œuvrons à la mise en place d’une économie résiliente qui sert les intérêts de tous les Sénégalais.

 

Signé

Elhadj Amadou Samb

Responsable national, BudgIT Sénégal

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