Renforcer la responsabilité budgétaire verte au Sénégal : BudgIT organise une réunion communautaire à Saint-Louis.

Dans le cadre de nos efforts continus pour promouvoir la responsabilité budgétaire verte au Sénégal, nous avons organisé notre deuxième réunion communautaire à Saint-Louis. Avec le soutien du World Resources Institute (WRI), l’événement s’est tenu le 23 avril 2025 au Lycée Technique André Peytavin. Cette rencontre communautaire a rassemblé une quarantaine de participants, parmi lesquels des victimes de catastrophes naturelles, des pêcheurs de Guet Ndar, des personnes déplacées pour des raisons climatiques de Gandiol, des étudiants, des enseignants et des membres de la société civile.

La région de Saint-Louis, située au nord du Sénégal, est l’une des zones les plus vulnérables aux effets du changement climatique. Elle est gravement touchée par l’érosion côtière, l’élévation du niveau de la mer, la salinisation des terres agricoles et les inondations répétées. Ces perturbations écologiques ont provoqué des déplacements massifs de population, en particulier à Gandiol, où de nombreuses familles ont dû abandonner leurs maisons, devenues inhabitables. Les communautés de pêcheurs, en particulier celles de Guet Ndar, voient leurs zones de pêche se réduire, menaçant leur principal moyen de subsistance.

L’atelier organisé par BudgIT a sensibilisé les participants aux allocations du budget vert 2024 en leur présentant des supports accessibles : des brochures simplifiées et des vidéos explicatives en français et en wolof. Aminata Diop, chargée de projet chez BudgIT, et El Hadj Amadou Samb, directeur national, ont souligné l’importance pour les citoyens de comprendre comment les fonds climatiques sont utilisés et de s’impliquer dans les décisions publiques afin que les priorités locales soient mieux prises en compte.

« À Gandiol, j’ai vu ma maison engloutie par la mer. Aujourd’hui, je vis avec ma famille dans un abri précaire. On parle de budgets pour l’environnement, mais nous ne savons même pas où va cet argent », a déclaré Fatoumata Ndiaye, une personne déplacée pour des raisons climatiques. Parmi les pêcheurs, Mamadou Diop, originaire de Guet Ndar, a souligné : « Nos pirogues doivent aller de plus en plus loin pour trouver du poisson ; les zones de pêche traditionnelles sont détruites par l’érosion et les barrages. Nous avons besoin d’aide, mais aussi de comprendre ce que l’État prévoit pour nous. »

L’événement a également bénéficié des contributions d’universitaires de l’université Gaston Berger (UGB), qui ont apporté des éclairages scientifiques sur les causes du changement climatique dans la région et ses conséquences socio-économiques. « Il est urgent de relier les connaissances scientifiques aux besoins réels des populations. Le budget vert doit s’appuyer sur des données fiables et inclure les communautés à chaque étape de la planification », a insisté le professeur Ndiaye, spécialiste en géosciences environnementales.

Les participants ont formulé plusieurs recommandations concrètes : construire des digues pour contenir l’érosion côtière, soutenir une agriculture résistante à la salinisation, reloger dignement les familles déplacées et développer des programmes d’énergie solaire pour les zones rurales. Ils ont également plaidé pour une plus grande implication des jeunes et des femmes dans les décisions budgétaires locales.

À l’issue de la session, les participants ont salué l’initiative de BudgIT et se sont déclarés prêts à suivre les projets d’investissement public dans leur région. « Cette réunion nous a donné les outils pour comprendre et agir. Nous ne pouvons plus rester de simples spectateurs alors que nos villages disparaissent », a affirmé Coumba Gaye, responsable régionale de BudgIT à Saint-Louis, tout en encourageant les jeunes à s’intéresser davantage aux questions de gouvernance climatique et de gestion des ressources publiques.

Cette deuxième phase de l’initiative Green Accountability reflète l’engagement de BudgIT à faire des communautés des acteurs clés de la gouvernance climatique. À travers ce programme, BudgIT vise à promouvoir une appropriation citoyenne plus forte du financement vert, en veillant à ce que les priorités locales soient véritablement prises en compte. D’autres réunions communautaires sont prévues dans les mois à venir, en particulier dans les zones fortement touchées par le changement climatique, comme Fatick. Ces efforts continus s’inscrivent dans notre mission plus large qui consiste à faire de la responsabilité verte un levier d’action concret face à la crise climatique.

Aminata Laye Diop

Chargée de projet junior.

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