Mercredi 3 avril 2025.
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BudgIT Sénégal, une organisation civic tech engagée dans la promotion de la transparence et de la responsabilité dans les finances publiques, a appelé à une responsabilité totale suite aux révélations de falsification des chiffres de la dette et du déficit publics déclarés par le précédent gouvernement.
Rappelons que le mercredi 2 octobre 2024, le Premier ministre Ousmane Sonko a accusé l’administration précédente de manipuler les chiffres du budget de la période fiscale 2019-2024. En réponse à ces graves allégations, nous avons rapidement publié un communiqué de presse soulignant le besoin de clarté et de responsabilité. L’incertitude entourant les données budgétaires du Sénégal a contribué à la réticence des investisseurs et a retardé un programme économique de 1,8 milliard de dollars du Fonds monétaire international (FMI) jusqu’en octobre 2025. Nous avons alors soutenu l’attente des résultats de l’audit de la Cour des Comptes, l’institution suprême de contrôle financier du Sénégal, pour vérifier ces affirmations.
En février 2025, la Cour des comptes a publié son rapport conformément à la loi organique n° 2012-23. Le rapport a confirmé la mauvaise gestion généralisée des finances publiques, étayant les allégations du Premier ministre et révélant des irrégularités encore plus importantes. Les conclusions ont révélé une sous-estimation significative de la dette publique, qui s’élevait à 18 558,91 milliards de francs CFA, soit 99,67 % du PIB. En outre, 2 500 milliards de francs CFA ont été contractés sous forme de dettes bancaires en dehors du cadre budgétaire officiel et sans l’approbation du Parlement. Le déficit budgétaire a également été manipulé, puisque le gouvernement précédent a déclaré un déficit de 4,9 % du PIB pour 2023, alors que la Cour des comptes l’a calculé à 12,3 %, exposant un écart de plus de 2 291 milliards de francs CFA dû à des dettes et des dépenses dissimulées.
Face à ces constats alarmants, le partenaire financier du Sénégal, le Fonds monétaire international (FMI), a dépêché une délégation pour évaluer la situation et conseiller le gouvernement sur les mesures correctives à prendre. Depuis, le FMI a formulé des recommandations pour réduire le déficit budgétaire et mettre en œuvre des stratégies de gestion durable de la dette. BudgIT Sénégal souligne que la gestion transparente et efficace des finances publiques est essentielle à la stabilité économique et à la confiance du public dans la gouvernance.
Elhadj Amadou Samb, responsable national de BudgIT Sénégal, a souligné que les conclusions de la Cour des comptes confirment les soupçons : la mauvaise gestion financière du Sénégal a été grave et ses conséquences sont ressenties par les citoyens et les investisseurs. « La transparence fiscale n’est pas seulement un principe de gouvernance ; elle est nécessaire à la stabilité économique. Le gouvernement doit veiller à ce que les responsables de la manipulation des données des finances publiques soient tenus pour responsables. Il faut une feuille de route claire et réalisable pour restaurer la crédibilité de la gestion des finances publiques et faire en sorte que de tels écarts ne se reproduisent plus jamais », a-t-il déclaré.
En outre, la falsification des données économiques érode encore plus la confiance des citoyens dans le gouvernement et conduit finalement à l’instabilité économique car elle retarde les réformes ou les interventions nécessaires qui pourraient prévenir ou atténuer les crises économiques.
À cette fin, nous félicitons l’administration actuelle du président Faye pour cette découverte et nous l’exhortons à veiller à ce que les personnes responsables de la falsification des données et de la mauvaise gestion financière rendent des comptes, tout en donnant la priorité au recouvrement des fonds détournés afin d’atténuer l’impact économique des irrégularités commises dans le passé. Nous demandons également au gouvernement d’évaluer soigneusement la recommandation du FMI sur la réduction progressive des subventions énergétiques, en veillant à ce que la souveraineté nationale et la stabilité socio-économique restent au premier plan de la prise de décision. Enfin, nous demandons la publication d’un plan de travail complet et détaillé décrivant les réformes proposées en matière de gestion des finances publiques.
BudgIT Sénégal reste déterminé à plaider en faveur de la transparence et de la responsabilité fiscales, à renforcer les principes de bonne gouvernance et à veiller à ce que les fonds publics soient gérés de manière responsable dans l’intérêt de tous les citoyens sénégalais.
Signé
Elhadj Amadou Samb
Responsable pays, BudgIT Sénégal